28 novembre 2006

Conception d'un site... Les pièges à éviter

Fin de la semaine dernière, un de mes clients, consultant en tourisme, m'a demandé mon avis sur le cahier des charges de conception d'un site web de l'un de ses clients, pour lui donner un feedback rapide.

Dès le début de ma lecture, j'ai compris que celui-ci n'avait pas été réalisé par un professionnel (ou alors un mauvais ;-) et ce, pour plusieurs raisons :

  • demande d'éléments incompatibles avec les standards du web (choix de la langue positionné dans une colonne latérale, ...) ou pouvant générer des problèmes d'ergonomie ou de référencement (partie inutilement animée, menus déroulants, ...)
  • énumération sans fin de fonctionnalités qui seraient accessibles par les colonnes gauche et droite (date, contact, newsletter, météo, téléchargement de brochures, galerie de photos, vidéos, conseiller ce site à un ami, forum, blog, RSS, ...)
  • demande de fonctionnalités vues sur d'autres sites, peu cohérentes avec le site à développer (commentaires à télécharger, éventuellement de manière payante, ...) ou coûteuses et sans rapport avec le budget proposé (visites virtuelles sur base d'un dessin, de vidéos, ... et permettant d'accéder, outre le menu principal, à l'information associée au lieu visité, géolocalisation satellite associée à une visualisation cartographique, ...)

Concrètement, beaucoup de "fonctionnalités" et finalement très peu d'informations sur l'objectif du site, son contenu et son volume.

J'ai eu l'impression que ce cahier des charges concrétisait toutes les envies de ceux qui l'ont réalisé. Un peu comme le laboratoire pharmaceutique de phytothérapie dont je parlais au mois de mai dans "Objectifs et cibles avant toute chose…".

Or, le site doit répondre aux attentes de la cible, pas aux envies de ceux qui le conçoivent ou le réalisent. Le cahier des charges qui le décrit doit donc être conçu dans cette optique.

La première étape consiste donc à définir un objectif et une cible qu'il faudra toujours garder à l'esprit pour maintenir le cap (on a trop vite fait de s'en éloigner).

Ensuite pour identifier les attentes de la cible, on réalisera un brainstorming en se mettant dans la peau de la cible en créant un personnage.

Le brainstorming étant par définition la phase créative, on aura beaucoup d'idées qu'il faudra trier. On le fera sur base de l'importance (pour l'utilisateur et pour l'entreprise) et la faisabilité (ressources disponibles : notamment techniques et organisationnelles).

Enfin, on formalisera ces attentes en fonctionnalités et en contenu à mettre sur le site.

Les pièges à éviter sont donc les suivants :

Négliger la cible

Ne pas identifier clairement les différentes cibles auxquelles on s'adresse, leurs attentes et leurs comportements face à nos produits ou services et face à Internet

Se projeter

Croire que la cible a les mêmes goûts que nous, qu'elle utilise le même vocabulaire, qu'elle s'intéresse à notre entreprise, notre historique, nos exploits, ...

Partir des fonctions

"Je veux une géolocalisation par satellite associée à une visualisation cartographique, il faut un forum, un blog, du RSS, ..."

C'est sur base des attentes de la cible et de son utilisation d'Internet qu'on identifie les éléments à mettre en oeuvre sur le site.

Pour mettre en place un site évolutif, évitez aussi ces deux autres pièges :

Partir des moyens

Lorsqu'on fait le brainstorming, il est impératif de ne pas se "brider". Toutes les idées sont permises, même les plus extravagantes. Ce n'est que lors du classement des idées que l'on définira les priorités en fonction de leur faisabilité.

Il faut "penser large" pour ne pas manquer les meilleures opportunités et ne pas limiter la valeur ajoutée du site, même si tout ne se réalisera pas en une fois. On pourra toujours scinder le projet en plusieurs phases afin qu'il puisse évoluer.

Tirer le projet en longueur

Même si cela peut paraître paradoxal, pour avancer dans un projet, il faut bien qu'à un moment donné, on le fige. Cela sous-entend de ne pas remettre continuellement en question les étapes précédentes, déjà validées. On réalise ce qui est prévu (et "figé") et puis on envisage des améliorations.

Facile à dire... Pourtant beaucoup ont du mal à "figer" le projet car tout évolue, le contexte, le paysage concurrentiel, la technologie. Dans l'espoir du site parfait, ils remettent beaucoup de choses en question, apportent continuellement des modifications, etc.

Au final, le projet est tiré en longueur... On ne s'arrête jamais !

Voilà ! Je m'en voudrais de ne pas mettre mes conseils en pratique, dès lors... je m'arrête là.

Enfin pour cette fois !
Car, vous le savez...
L'excès nuit en tout.
Sur Internet comme ailleurs.
Même dans un blog.